En ce mardi 6 novembre 2012, l'instant tant attendu a sonné.
Une randonnée de 6 jours qui nous mènera au sommet du
tépuy Roraïma.
Pour info, Mariannick nous a seriné tant que tant car elle voulait voir des tépuys.
(Vous rappelez vous
ces montagnes en forme de table ?).
Afin d'assouvir ses désirs (l'intéressée en saisira le sens...), nous avons
décidé de gravir le plus spectaculaire des tépuys de la région de Gran Sabana qui culmine à 2800 mètres.
"On te charrie Mariannick". Nous souhaitions le faire aussi !
Le groupe qui a répondu présent :
l'équipage sur "Far away" : Mariannick et Jacques et nous même.
Une équipe de gagnants.
Des bonnes têtes de vainqueurs, n'est-ce pas ?
Nous serons assistés par Antonia, une guide hors pair qui, grâce à son expérience et à sa passion pour ce lieu mythique va nous faire vivre une semaine magique.
Cette expédition part du village indien de Paratepuys. C'est "Sucette" notre 4x4 préféré qui nous y conduira au travers d'une piste de 25 kms parfois périlleuse depuis le village San francisco de yurani
En tenue de trekeur, nos sacs à dos bien arrimés
(pesant environ 8 kg, il fallait le souligner ! ) ,
nous débutons
cette longue ascension sous un soleil de plomb.
Afin de lutter contre l'invasion des Puri Puri, ces méchants moustiques,
il nous faudra malgré tout nous couvrir. Mais la bonne humeur reste de mise. Bien heureusement, Chouchou est là afin de
nous indiquer le chemin...
11 kms pour cette première journée. Une mise en bouche pour la suite du parcours. Antonia nous initiera aux noms portés
par les différents tépuys qui s'offraient à nous.
Le Gwadakapiapo sur côté gauche de la photo.... Je vous mets au défit de prononcer ce nom étrange. Nous avons mis une
bonne journée à nous familiariser à ce terme pémon. Chouchou avec une ardeur sans commune mesure a réussit à le
prononcer assez rapidement. C'était le défit du jour.
Le Yurani sur le côté droit.
Le Kukenan, dont l'ascension ne peut se faire que par des personnes très expérimentées. Donc, pour nous, on va attendre un peu.
Et, notre fameux Roraïma l'objet de toute notre convoitise qui nous attend de pieds fermes. Toujours avec le sourire, mais cela ne va peut être pas durer.
Avant d'arriver à notre premier campement, situé aux abords du rio Teck,
nous passerons quelques ruisseaux et rivières.
Nous devrons parfois faire office de funambules.
MonroÏ et David , nos deux porteurs, d'authentiques indiens pémons nous feront quelques démonstrations d'agilité. Tout ceci avec Une quinzaine de kg sur le dos !!! Quelle dextérité... On applaudit ! Cette ascension ne peut se faire sans leur aide précieuse car ils sont charger de porter toute la nourriture, ustensiles de cuisine, toile de tente... nécessaire à nos 6 jours de trek.
Par chance le niveau de l'eau est assez bas et nous permet donc de franchir aisément les rios Tek et Kukenan. Sur les conseils d'Antonia, nous nous déchaussons et ne gardons que nos chaussettes. En effet, les chaussettes adhèrent parfaitement aux roches très glissantes et nous évite la chute. Faites en l'expérience par vous même.
Ca y est, nous atteignons notre premier campement. Une bonne mise en jambe. Nous avons souffert de la chaleur et le terrain... pas des plus plat !!! En fait, nous sommes partis de Paratepuy situé à 1400 mètres d'altitude, nous avons franchit et redescendus plusieurs collines afin de rejoindre notre bivouac situé à 900 mètres d'altitude.
Le lendemain notre mission du jour, puisque nous l'avons acceptée, est de rallier le campement de base distant d'une
dizaine de kilomètres et culminant à 1800 mètres.
Cela commence à bien grimper, quelques arrêts sont nécessaires afin
de reposer un peu nos gambettes. L'effort est soutenu, la fatigue commence à se lire sur les visages.
Ouille Ouille Ouille...
Allez Mariannick, on y croit. Tu voulais voir des tépuys ???
Et bien tu auras même la chance de marcher sur le sommet
du plus renommé !!! Courage.
Pour la petite histoire notre pauvre Mariannick a débuté cette randonnée dans un état de fatigue notoire. Quelques jours
avant notre départ, elle a été prise de maux de gorge associés à une bonne fièvre. Ces longues marches ont été très
éprouvantes. Jacques suit bien, sans démérité malgré son tassement de vertèbres occasionné lors de sa chute au salto
El Sapo il y a dix jours.
13 heures, objectif atteint.
On accède au pied de la paroi du Roraïma qui surplombe le campement.
C'est bien joli tout ça.... mais c'est par ou qu'on passe ????
Nous sommes tous les quatre perplexes et dubitatifs
face à ces imposantes et apparemment infranchissables murailles. Malgré les explications convaincantes données par
Antonia, il nous était vraiment difficile de nous projeter.
Spectaculaire cette roche surnommée Maverick qui au sommet a naturellement pris la forme d'une voiture. C'est le point culminant du Roraïma. Nous avons hâte d'y être.
Au programme de cette troisième journée, l'ascension de la muraille en empruntant ce que les guides appellent La Rampa.
1 km 500 sur 1000 mètres de dénivelé,
ça vous parle ? 5 heures seront nécessaires pour y arriver à bout !!!
Mais auparavant, nous traverserons une portion de forêt tropicale.
Puis, il nous faudra nous aider de nos mains afin de franchir rochers humides, troncs d'arbres et racines en tout
genre. Les pierres roulent sous nos pieds,
ça grimpe, ça glisse...
Et, par moment les deux garçons devront user de leur force afin de déplacer ce gros rocher qui nous barrait la route !!! Mais, comme ils sont forts ! Non, là, la narratrice est en plein délire. Cela doit être dû à l'altitude...
A chaque arrêt, nous pouvions nous émerveiller face à des panoramas grandioses et pouvions nous rendre compte de notre
progression.
La vue de la savane qui s'étend à nos pieds est spectaculaire.
3 heures 30 que nous grimpons. Nos corps sont soumis à dure épreuve.
Apparait enfin cette fameuse rampe, ultime effort
avant de rallier les hauteurs du Roraïma... Mon Chouchou hésitera un moment. Sa phobie du vide le tétanise. Mais, ça
n'est pas maintenant qu'il faut flancher. Sa hargne et sa persévérance vont lui permettre de surmonter son angoisse.
YES.....YES..... Exténués, nous atteignons enfin notre but. Chouchou, de joie, se laisse choir sur le sol. L'instant est grand, une sensation difficilement descriptible.
Une immense fierté face à se défit réalisé. L'équipe gagnante du jour se soumet à l'inconditionnelle photo souvenir.
Nos deux porteurs nous ont émerveillés et impressionnés alors qu'ils gravissaient avec tant d'aisance cette montagne gigantesque. Pour le fun, capitaine Chouchou a voulu tester. Mais tester ça n'est pas l'adopter. il a très vite reposé le tout...
Nous sommes sur une terre sacrée, celle appartenant aux indiens pémons.
Les pierres ont été sculptées par des millions
d'années d'érosion.
Sculptées est le terme adéquat car nous avons l'étrange sensation qu'elles l'ont été par la main de l'homme.
Mais il n'en est rien. C'est une nature vierge et puissante.
Quelque peu remis de nos émotions, Antonia nous accompagne à notre hôtel... Ce sont des cavernes naturelles qui sont appelées ainsi par les guides et les locaux... cela nous a fait sourire lorsque nous nous sommes approchés de notre fameux hôtel. Ce n'est pas l'Hilton de Cannes. lol
Nos trois compères nous préparent un déjeuner succulent dans leur cuisine tout confort,
Pendant que je m'enduis le visage de crème solaire. Ne vous méprenez pas, nous sommes à 2800 mètres d'altitude mais le soleil est brûlant comme de la braise.
En revanche, à la tombée de la nuit, le froid nous envahit. 5° : c'est pas chaud tout de même ! Surtout pour nous pauvres navigateurs habitués depuis plusieurs mois à des températures qui avoisinent plus les 35°. Quel choc... La dernière trouvaille de Chichi afin de lutter contre le froid.... Des chaussettes sur les mains. Faute de grive, on mange du merle. Chouchou semble conquis par mon idée ! Ajoutez à cela un bon bonnet sur la tête et cela va tout de suite mieux.
A l'hôtel Basilio, ni douches, ni toilettes non plus, afin de préserver l'environnement. Alors, on fait comment ? Je laisse votre imagination opérer... Connaissez-vous la traduction de " bolsas de plastico " en espagnol ? Et bien, il nous a fallut après maintes et maintes essais parfois et souvent infructueux réussir à faire toutes nos différentes commissions........ dans des sacs plastiques ! Un peu de poudre blanche par dessus, puis on fait un noeud et le tour est joué. L'ensemble sera déposé au premier village lors de notre retour dans 2 jours...
Lorsque Antonia nous a donné les consignes, nous nous sommes demandés si cela n'était pas un canular. Nous avons scruté les environs à la recherche d'une caméra cachée... Mais non rien. C'était la marche à suivre. Imaginez-vous les bonnes crises de rire que cela a occasionnées. j'en rit encore de vous raconter nos péripéties...
L'épisode pipi, caca, ça c'est fait, maintenant passons aux choses sérieuses !
Notre journée du lendemain sera entièrement dédiée à l'exploration du sommet.
Au diable la fatigue qui c'est accumulée
les trois derniers jours !
On veut voir !
Ce plateau, inhospitalier au premier abord, s'apparente parfois à un jardin japonais.
Admirez ces fleurs sublimes malgré un environnement qui pourrait sembler hostile.
Un paradis botanique.
Il faut tout de même le faire.... Pousser dans le creux des roches...
Et cette minuscule orchidée, n'est-elle pas mimi ?
Avec ses parois verticales, le plateau du Roraïma est écologiquement isolé de la forêt tropicale qu'il surplombe. Les migrations d'animaux sont pratiquement impossibles entre le bas et le haut. Seules quelques rapaces osent s'y aventurer.
De plus, à cause de l'absence d'humus, le sol est très pauvre en nutriment ce qui a engendré la prolifération de toute une gamme de plantes carnivores..
Mais, quel est ce petit monstre noir ?
Et bien, un crapeau tout simplement. Pourquoi de couleur noire ?
On suppose que
cela lui permet d'absorber la chaleur du jour afin de supporter les nuits fraîches. On dit également que cette tenue
camouflage lui permet de se fondre dans l'environnement afin d'éviter de se faire dévorer par les rapaces. Ici, idem pour les
lézards, les papillons, les grenouilles et les insectes. Ils sont tous noirs.
Chichi est aux anges...
Nous voici dans la vallée des cristaux. Le sol en est jonché. Ici, comme sur tout le Roraïma "patrimoine Mondial
oblige" ! Il est formellement interdit de ramasser le moindre échantillon de ces cristaux et ça n'est pas l'envie
qui nous en manquait !
A notre retour les gardes du parc sont en droit de nous fouiller et notre guide pourrait être suspendu de ses fonctions
pour trois mois !
Les fêtes de fin d'année approchent.
On saisit l'occasion de souhaiter un Joyeux Noël à notre famille et à nos amis.
Sans oublier un petit message perso à ma fille Jessie
que J'aime de tout mon coeur et qui me manque terriblement !
Ecrire son prénom dans un lieu aussi légendaire m'a comblée de bonheur et c'est avec le coeur rempli d'Amour pour elle
que je partage ces photos.
Tout aussi époustouflant : ces vastes cuvettes appelées jacuzzis dont le fond est garni de cristaux. Antonia nous
propose de nous y baigner mais pas un de nous quatre n'a succombé à la tentation. Courageux mais pas téméraires...
A notre goût, l'eau était un peu fraîche.
Visite de la grotte "Guacharo". Ce site doit son nom à une espèces d'oiseaux nocturnes dont le comportement est très ressemblant à celui des chauves-souris.
L'intérieur est surprenant et spectaculaire.
La météo clémente nous a permis de bénéficier de points de vue uniques.
La ventana, cette large faille qui plonge dans le vide. Un décor majestueux et unique au monde.
Sous l'oeil avisé et prévenant de notre Chouchou national qui ne voulait s'approcher sous aucun prétexte et qui se rendait malade de nous voir nous pencher si près des abimes.
L'heure du retour à la civilisation est arrivée. A l'aube du cinquième jour, nous levons le camp afin de commencer notre itinéraire retour.
La descente nous demandera des efforts soutenus. Nos genoux s'en souviennent encore aujourd'hui. Merci Roraïma de nous avoir permis de réaliser ton ascension dans des conditions météorologiques aussi favorables. Nous saluons ta candeur, ta noblesse et nous t'embrassons avec ferveur et respect.
Après avoir déjeuné au campement de base, nous poursuivons notre descente vers notre dernier campement. Bien méritée cette bière locale à notre arrivée.
Fatigués mais super heureux, nous fêtons notre exploit comme il se doit.
Il me semble que mon Chouchou en a les larmes
aux yeux.
Ultime nuit sous la tente avec pour toile de fond : notre majestueux Roraïma.
Nous partirons à l'aube le lendemain matin et arpenterons nos derniers kilomètres afin de regagner le village de
Paratepuy. Le dernier kilomètre fut des plus pénibles.
La fatigue aidant, il nous tardait d'arriver.
Nous sommes rôtis.... Cuits...et... des plus heureux !!!
Nous espérons que vous avez pris autant de plaisir que nous, nous en avons pris afin de vous faire vivre notre aventure. C'est aussi cela le but de notre voyage : profitez et faire profitez les personnes qui nous sont proches Nous avons pris un immense plaisir à vous concocter ce résumé de notre épopée fantastique. Hasta pronto !!!